John Ballantyne
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© John Ballantyne, 2008-16, tous

Je débute avec des photos, beaucoup de photos. Des photos prises de près, de loin, des plans généraux, des détails. J’ai déjà choisi le temps de l’année et le moment de la journée. Avec toutes les photos, j’entreprends de pénétrer le visible. Si possible, je reviens sur place pour comparer photos et réalité. Toujours, je fouille du regard le paysage. Quand je suis satisfait de ce que j’ai, le temps est venu de commencer à dessiner.

Au début, les dessins sont de simples ébauches. J’utilise presque exclusivement des crayons HB. Puis, au fur et à mesure que la composition prend forme, je commence à produire des croquis plus détaillés; au début ces esquisses se concentrent sur la structure. Je fixe le niveau du regard et les points de fuite; cela me prend souvent un ou deux faux départs au sol avec de long fils s’éloignant vers les points de fuite. À ce moment, je me concentre uniquement sur les proportions. Une fois que le squelette architectural est fixé sur papier, je commence à créer l’atmosphère. Pendant que mes mains déplacent le crayon ici et là, mon esprit s’applique à remplir l’espace de couleurs et d’émotions. Je compare ce procédé à celui des répétitions au théâtre. Habituellement, cet exercice aboutira à un ou deux dessins à demi terminés, suivi de l’épure nette. Tout ce processus prend environ deux semaines et ne mène qu’à une seule chose, la peinture.

Le processus de peinture débute par le taillage d’un panneau de « masonite » ou, par la fabrication d’un panneau sandwich fait de deux contreplaqués bouleau. Les peintures de grandes dimensions sont toujours exécutées sur des panneaux en raison de leur robustesse et de leur solidité. L’étape suivante consiste à appliquer un enduit des deux côtés du panneau. J’utilise un enduit d’acrylique mât et un peu d’eau. J’applique au moins trois couches sur les deux côtés. Une fois sèche, la bonne surface est sablée jusqu’au fini désiré. L’épure est alors transférée au panneau, à l’aide d’un crayon 9H.

Le processus de peinture prend habituellement deux mois ou davantage. Je travaille avec des acryliques et j’utilise toutes sortes de pinceaux, depuis la brosse de soie de porc bon marché jusqu’aux très coûteux pinceaux de poil de martre Kolinsky. Je commence par de minces lavis, un mélange de peinture, de médium mat et d’eau et, lentement ou aussi vite que possible, je développe jusqu’aux couleurs désirées. Le procédé va de larges mouvements libres vers des coups de pinceau beaucoup plus précis et serrés. Cette façon de procéder est beaucoup une question de chance au début, car il est difficile de juger de quoi que ce soit à cette étape. Dans un processus de peinture, il y a habituellement trois stades. Au début, je me mets en route avec beaucoup d’optimisme et ce qui est vraiment un sens trompeur de la grandeur. Puis je m’égare; habituellement je tente de ne pas être trop sexy trop rapidement et les méprises mènent alors à des erreurs, puis à la perte de confiance et à la crainte. Ce second stade a son propre calendrier, basé sur ma capacité à travailler confortablement dans cette incertitude. D’une manière ou d’une autre, à force de me débattre dans le vide, de petites choses intéressantes commencent à se produire et alors, alors seulement je commence à peindre. En cours de route, j’ai redessiné le sujet à quelques reprises à l’aide de crayons 5H ou 9H. Ce troisième stade correspond au véritable travail de peinture. On en est plus aux couches de fond : chaque coup de pinceau compte. Désormais je redécouvre la joie et l’optimisme qui m’habitaient au cours du premier stade. Presque chacune de mes peintures a emprunté ce parcours avec, à l’occasion, de faibles variantes. Comme l’écrivait Alex Colville, l’œuvre est terminée quand les erreurs sont trop minimes pour être perçues.

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